L’aéroport de Faro est-il toujours un des pires au monde ?

aeroport de faro

Longtemps qualifié de « pire aéroport du monde civilisé » par des voyageurs excédés, l’aéroport international de Faro, dans l’Algarve, tente aujourd’hui de redorer son image. Files d’attente interminables, délais à la douane et accueil jugé déplorable : les critiques récurrentes dénonçant un véritable shambles (désastre) se sont accumulées ces dernières années, jusqu’à interpeller les autorités et les professionnels du tourisme de la région. Mais le vent tourne. À quelques mois d’une nouvelle saison estivale, le gouvernement portugais a déployé une batterie de mesures techniques et structurelles. Le défi : concilier contrôle des frontières Schengen et accueil touristique de masse.

Une image abîmée par les files d’attente

En mai 2025, plusieurs témoignages ont ravivé la polémique autour de l’aéroport de Faro. Un ancien pilote de British Airways, fort de 55 ans d’expérience, a publiquement qualifié l’infrastructure de « l’une des pires du monde civilisé », dénonçant plus de mille passagers à l’arrivée, bloqués pendant des heures en attente du contrôle de l’immigration. Des touristes ont également rapporté des délais de plus de deux heures et des conditions d’accueil indignes pour un pays fortement dépendant de son industrie touristique.

La situation a suscité une vive inquiétude parmi les acteurs du secteur. L’agence de promotion touristique d’Albufeira, APAL 1, a publié un communiqué dénonçant « une dégradation récurrente de l’expérience des visiteurs » qui nuit à l’image de l’Algarve et compromet les efforts de promotion. APAL appelle les autorités portugaises à des mesures urgentes et structurelles pour garantir le bon fonctionnement de l’aéroport et maintenir la région dans le peloton de tête des destinations européennes.

Qui est responsable ?

L’aéroport est géré par ANA – Aeroportos de Portugal, mais la gestion du contrôle des passeports relève de la police des frontières (PSP) 2. Face à la montée des critiques, les deux entités se renvoient la responsabilité. Le service d’information de Faro affirme être « pleinement engagé à améliorer l’expérience passager », mais souligne que les effectifs et procédures de contrôle dépendent du ministère de l’Intérieur. Le passage obligatoire par le Code Schengen impose en effet des vérifications multiples (documents, motifs de séjour, moyens financiers, bases de données européennes).

Des systèmes modernes pour désengorger les frontières

Depuis mai 2025, de nouveaux systèmes de contrôle automatisé sont en cours d’installation dans les aéroports et ports du Portugal. Baptisés VIS4, PASSE+ et Portail des Frontières, ces dispositifs s’inscrivent dans la modernisation européenne de la gestion des frontières. Ils permettront un contrôle plus rigoureux et rapide, incluant biométrie, historique des passages et vérification des visas pour les ressortissants de pays tiers. Cette modernisation prépare également l’entrée en vigueur du système Entry Exit System (EES), prévue pour octobre 2025, qui renforcera le suivi des mouvements au sein de l’espace Schengen.

Des lenteurs structurelles bientôt derrière nous ?

La direction de la police des frontières à Faro a reconnu que des retards exceptionnels ont eu lieu lors de l’installation de ces systèmes, notamment le 15 mai, jour où les nouvelles technologies ont provoqué une panne temporaire. Les autorités promettent que ces modernisations permettront une véritable accélération des contrôles d’ici l’été. Il reste à convaincre les voyageurs que leur expérience dans l’Algarve peut commencer sans accroc ni humiliation.

Le retour de la confiance passera par des tests concrets sur le terrain. Pour l’instant, à l’approche de la haute saison, les professionnels croisent les doigts. Faro saura-t-il enfin dire adieu à sa réputation sulfureuse ?


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