Blackout national : le PCP exige un débat d’urgence sur la souveraineté énergétique

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Au lendemain de la panne électrique qui a plongé le Portugal dans l’obscurité pendant près de 24 heures, le Parti communiste portugais (PCP) appelle à la tenue d’un débat parlementaire d’urgence. Pour le parti, cette coupure massive met en lumière les vulnérabilités structurelles du système électrique national, aggravées selon lui par des décennies de privatisations et de libéralisation du marché.

Un appel à la transparence et à la réévaluation des politiques énergétiques

Dans un communiqué diffusé ce mardi, le PCP réclame l’ouverture d’une session de débat dès mercredi, lors de la réunion de la Commission permanente de l’Assemblée de la République. L’objectif affiché : évaluer les conséquences du blackout, comprendre ses causes et engager une réflexion de fond sur l’organisation et la gouvernance du secteur de l’énergie au Portugal.

Le parti estime qu’il est désormais indispensable de « mener une enquête rigoureuse » sur les origines de cette défaillance sans précédent, et d’identifier les marges de manœuvre disponibles pour garantir, à l’avenir, une sécurité énergétique à la hauteur des besoins du pays. Il appelle également à “des mesures immédiates” pour rétablir rapidement l’approvisionnement dans tous les secteurs vitaux : santé, éducation, sécurité, et transports.

« L’interruption du service a révélé une série de failles en matière de souveraineté, de production, de distribution et de contrôle du système électrique national, qui sont indissociables des politiques de libéralisation menées ces dernières décennies« , affirme le PCP dans sa déclaration.

Critique du modèle libéralisé et dépendance extérieure

Le PCP met en cause l’architecture actuelle du marché de l’énergie, fondée sur la séparation entre production, distribution et commercialisation. Selon le parti, cette structure — introduite dans le sillage des directives européennes — a affaibli la capacité de l’État à anticiper et à réagir face à une crise majeure telle que celle qui vient de frapper la péninsule ibérique.

Autre point soulevé par le PCP : la dépendance accrue du Portugal vis-à-vis de pays voisins, en particulier l’Espagne, dans le cadre des interconnexions énergétiques. Si ces mécanismes permettent une certaine mutualisation des ressources, ils peuvent aussi, selon le parti, accroître la vulnérabilité du pays en cas de dysfonctionnement d’ampleur régionale.

“Même dans un contexte exceptionnel de barrages pleins et de capacité hydroélectrique au maximum, il serait irresponsable de minimiser les risques liés à la désactivation de la production thermique, notamment lors de longues périodes de sécheresse”, avertit le communiqué.

Un retour au contrôle public comme solution structurelle

Pour le Parti communiste, l’heure est venue de repenser profondément la stratégie énergétique nationale. Il cite les exemples récents de la France ou de l’Allemagne, qui ont engagé des démarches de retour au contrôle public dans le secteur de l’énergie. Le PCP estime que le Portugal ne peut rester à l’écart de cette dynamique et doit lui aussi envisager la reconquête d’un contrôle public, total ou partiel, sur ses infrastructures énergétiques.

“L’abandon progressif par l’État de secteurs stratégiques comme l’électricité est une politique d’abdication qui expose notre pays à des ruptures graves”, tranche le parti. Il plaide pour une gestion articulée, cohérente et souveraine du système énergétique, considérée comme un pilier de la sécurité nationale.

Prochaine étape : un débat parlementaire ce mercredi

Le PCP a confirmé qu’il demanderait officiellement, lors de la conférence des chefs de groupe prévue mardi soir, la programmation d’un débat d’urgence dès le lendemain. À travers cette initiative, le parti entend inscrire la question de l’énergie au cœur de l’agenda politique, estimant que le blackout du 28 avril marque un tournant qu’il serait irresponsable d’ignorer. Alors que les lumières se rallument peu à peu dans tout le pays, l’heure semble être à l’introspection. Et pour le PCP, à l’action parlementaire.


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